Sale temps pour Salto : Le service de streaming à la française

Disponible depuis ce mardi, Salto est la nouvelle plateforme de diffusion en ligne de contenu télévisé franco-française issue du partenariat entre les groupes France Télévision, TF1 et M6. Elle ambitionne de capter une part du marché du streaming déjà bien saturé en France, avec des acteurs comme Netflix, Amazon Prime Video, Disney+, Apple TV+ ou encore MyCanal et OCS.
En tant que sérivore aguerri, je ne puis ignorer un tel événement et c’est ainsi que je me suis lancé dans l’évaluation de son accessibilité.

Au menu, on bénéficie notamment d’une vingtaine de chaînes en direct et 10 000 heures de programmes : séries, films, documentaires…, replay TV. Au niveau tarifaire, Salto propose trois formules : solo à 6,99 € pour un seul écran, Duo à 9,99 € pour deux écrans et tribu à 12,99 € pour 4 écrans. A l’occasion de son lancement, il est néanmoins possible de tester gratuitement le service pour une durée d’un mois.

Sur le plan de l’accessibilité aux déficients visuels, l’interface des applications de ce service brille par une inaccessibilité déconcertante, avec une quantité flagrante de bogues lorsqu’elle est en interaction avec nos chers lecteurs d’écran. On dénombre ainsi une myriade d’éléments non-labellisés, un lecteur multimédia aux fonctions anémiques et l’impossibilité d’accéder à l’audio-description (si tant est qu’elle y soit d’ailleurs).
A tout cela, j’ajouterai également une navigation sensiblement dysfonctionnelle au sein des contenus ; la palme de l’incongruité revenant à la déclinaison pour l’Apple TV dont le titres des vidéos n’est même pas identifié par VoiceOver.

En l’état, j’envisage sérieusement d’annuler mon abonnement avant l’échéance de la période gratuite. Il est regrettable qu’un service qui aspire à vouloir s’imposer comme l’une des référence du streaming légal n’ait pas œuvré à l’inclusion de la population déficiente visuelle. Mais après tout, pourquoi le ferait-il ? c’est bien connu, les aveugles ne voient rien ou pas grand chose. Donc la télévision, ça ne les concerne pas. Ya pas à dire, sale temps pour Salto !

22 réflexions sur « Sale temps pour Salto : Le service de streaming à la française »

  1. Transmission de pensée! Il y a une heure, j’ai téléchargé Salto: grosse déception! J’en avais entendu parler à la radio et, fan de sséries françaises que l’on a, à mon avis, un peu de mal à trouver, je me suis dit que « mon heure était arrivée ».
    Kevin a tout dit sur cette application. Bien regrettable!!!

  2. N’est-il pas possible de le leur signaler ?
    Voire de lancer une pétition (bon, ça c’est l’étape d’après, s’ils ne font rien).
    Je sais c’est pénible que les développeurs ne pensent pas à nous dès la conception de leurs interfaces, mais c’est souvent en se manifestant qu’on obtient que les choses bougent.

    1. Les plus retors d’entre-nous ne manqueraient pas de dire que les pétitions n’engagent que ceux qui les signent. 🤐

  3. Bonsoir,merci Kevin de ce retour. Allez voyez les choses du bon côté,ça fait un concurrent de moins pour vous triturer l’esprit du quel choisir… 🤭

    1. Vu sous cet angle, tu ne crois pas si bien dire ! Malheureusement, ils se sont appropriés les droits de diffusion de la saison 4 de Fargo au détriment de Netflix France, et en raison de tous ces écueils, on ne peut pas en profiter.
      Initialement, j’avais opté pour le titre : « Salto, ou le saut périlleux dans l’inaccessibilité » ; finalement, le jeu de mots actuel m’a paru plus cocasse. 🥲

  4. Salut Kevin merci pour l’info donc Apple TV finalement c’est c’est assez bien je vais continuer avec voilà donc merci pour vos autres aussi pour vos commentaires et à bientôt bonne soirée à tous

  5. Concernant l’audiodescription ça ne m’étonne pas, sur Igeneration ils disaient qu’on ne pouvait pas choisir quelle piste audio on voulait, VO ou VF.
    Et apparemment plein de bugs demeurent…
    Ça fait l’impression d’un truc sorti trop vite, avec très peu de testeurs.
    Peut-être que dans 6 mois ou un an, ça vaudra le coup de prendre la période d’essai d’un mois…

    1. Pas forcément. Par exemple, s’ils avaient un tantinet suivi les recommandations techniques d’Apple en matière de développement, l’app aurait automatiquement sélectionné la piste audio-description parce que le système lui aurait indiqué qu’il s’agit d’un utilisateur qui en a besoin. C’est d’ailleurs ce qui se produit avec les apps tierces comme celle de Netflix et Prime Video, on n’a pas à choisir la bonne piste.
      Mais vu le travail de sagouin, je suis quasi-sûr que cette piste n’est même pas présente sur Salto, y compris quand elle le devrait.

  6. Un grand classique, avec la conclusion rageuse qui va bien. Je propose une remise en perspective passant par : 1. un signalement gentil et plein de bonne volonté (je suggère à cette fin de ne pas transmettre la dernière ligne de l’article, qui bien qu’ironique ne constitue pas un élément déterminant). Ensuite ma foi, un peu de patience pourquoi pas 🙂 . Que l’app cibel soit pour le moins inaccessible, c’est un poil scandaleux je peux l’entendre. Mais que l’accessibilité ne constitue pas la priorité absolue du développeur moyen, ça me semble en réalité plutôt pertinent au moins dans un premier temps. En attendant, hauts les coeurs ! L’appli netflix ainsi que le site sont parfaitement accessibles comme on dit :p

    1. Pour moi, en 2020, l’accessibilité doit être une des priorités inhérentes au développement d’une application. Avec tous les outils qu’Apple fourni aujourd’hui pour aider le développeur à rendre son app accessible , il n’y a plus d’excuses.

    2. Il ne s’agit aucunement de propos virulents mais simplement de communiquer des informations factuelles et encore, j’estime avoir été plutôt mesuré ; il suffit en effet d’installer l’app pour constater à quel point c’est un vrai carnage.
      Faire preuve de mansuétude envers un développeur indépendant qui aurait peu de moyens et qui ne serait pas sensibilisé à l’accessibilité, c’est quelque chose qui relève simplement du bon sens et je ne compte plus les apps que l’on a pu améliorer avec Edencast par ce biais en plus de dix années. Là, on parle tout de même des plus grands groupes européens de l’audiovisuel qui se sont alliés et qui ont parfaitement les moyens d’investir dans l’accessibilité de leur service dès le départ.

      Quant au caractère ironique de la dernière ligne, celui-ci ne fait qu’illustrer l’amertume que peut ressentir une personne déficiente visuelle désireuse de profiter de ce service au même titre que ses concitoyens.
      Enfin, ce n’est pas parce qu’on en parle ici que nul ne leur a envoyé un message tout gentil en privé…

  7. @Kevin, Toutes mes excuses mais, au risque de passer pour une empêcheuse de tourner en rond, il me semble que le ton de cet article peut passer pour quelquepeu aigri, sinon accusateur, surtout associé à des expressions comme “un vrai carnage”. Du reste, si je suis parfaitement d’accord avec vous pour dire qu’il est absolument indispensable de défendre et de généraliser l’accessibilité sur le marché numérique, il ne faut à mon avis pas se voiler la face: premièrement, la France est bien loin d’être un exemple d’accessibilité par rapport aux pays anglo-saxons, et deuxièmement, la population déficiente visuelle n’est pas ce qu’on pourrait appeler un marché prioritaire. Attention: ceci ne constitue pas une excuse, et il faut impérativement remettre l’accessibilité au centre des débats, en signalant le problème comme d’autres l’ont suggéré ici. Par contre, j’avoue m’interroger sur la pertinence d’une telle publication qui, à mon sens, ne fait pas vraiment avancer les choses mais nous conforte d’avantage dans une attitude négative centrée sur la plainte et l’auto-exclusion. On sait que le monde d’aujourd”hui est loin d’être entièrement accessible, et c’est sans aucun doute un combat qu’il faut mener. Mais pourquoi ne pas amener les choses de manière plus positive plutôt que d’attendre au tournant une application qui, en plus, ne fait que regrouper les services de plusieurs autres apps qui, elles, sont accessibles, et ce, de manière partielle puisqu’il s’agit uniquement d’un contenu français? Attention encore: je peux tout à fait entendre ton amertume, Kevin. C’est un sentiment que je ressens aussi dans de multiples situations. En revanche, je trouve que si tu l’exprimes de cette façon, (ce qui est ton droit), ton article n’est plus à considérer comme une stricte revue en matière d’accessibilité objective. Je me permets donc d’espérer que les messages qui ont/auront été envoyés aux développeurs s’inscriront d’avantage dans cette dernière dynamique…

    1. Moi je rejoins Kevin à 200%. Le fatalisme et l’attitude qui consiste à tendre l’autre joue n’ont jamais contribué à arranger la situation des DVS en France, sauf peut-être pour certaines asso qui se répandent dans les médias en les faisant passer pour des assistés et récolter des dons pour financer leur fastueux train de vie.
      D’autre part, il me semble que tu confonds entre les propos de Kevin dans son article et ce qu’il a écrit en commentaire. De toutes façons, le service public a largement trempé dans cette histoire et il est inacceptable qu’une plateforme si peu accessible aux aveugles et malvoyants ait pu voir le jour avec son assentiment. Et ce n’est pas en s’accommodant de son sort (en mode bisounours) que les choses s’amélioreront dans ce pays qui se fout royalement de l’accessibilité, sauf quand il s’agit de faire de la com.

  8. @Sarina je n’aurais pu dire mieux. Et si mon propos manque quelque peu de recul, c’est probablement du fait de l’agacement que cette attitude génère chez moi, agacement qui va croissant étant donné qu’on retrouve de telles positions en majorité dans la communauté en ligne. Je ne peux donc que m’incliner devant la justesse de cette réponse aussi pleine de nuance et de diplomatie que j’en suis dépourvu 🙂

  9. Personnellement, je trouve l’article de Kevin tout à fait mesurée et tout à fait à propos. Dans un monde qui passe son temps à nous marcher sur la tête, pourquoi donner une image positive de ces gens là ? Et ce d’autant que ce projet a été financé pour partie avec nos redevances puisque le service public y’a participer. C’est donc honteux .

    1. D’autant plus que c’est Delphine Ernotte (Présidente de France Télévision) qui est à l’origine de ce projet…

  10. La présentation de l’article de Kevin est, à mon avis, parfaite. Ce qu’il dit est clair et tout à fait justifié. On a le droit d’être déçu, révolté même. Ce que l’on demande est « légal »: on est des utilisateurs à part entière et, de ce fait, on peut prétendre aux mêmes droits que les autres! Toute chose peut être signalée, moyennant de parler ou écrire avec respect.

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