Référendum ADP : Un exemple flagrant d’inaccessibilité partagé

Déposée début avril par près de 250 députés et sénateurs de tout bord, la proposition de loi visant à affirmer le caractère de service public national de l’exploitation des aérodromes de Paris a été validée par le conseil constitutionnel et doit désormais recueillir le soutien d’au moins 10 % du corps électoral en neuf mois.
En tant que citoyen français, j’ai donc entrepris de participer à ce référendum afin notamment d’évaluer l’accessibilité du processus aux déficients visuels.

De prime abord, et comme il s’agit d’un site gouvernemental, j’étais convaincu qu’un soin tout particulier avait été accordé à son accessibilité intrinsèque. Malheureusement, il n’en est rien et voici les principaux écueils que je considère comme étant rédhibitoires pour les personnes aveugles et malvoyantes :

  • S’i l’on peut aisément sélectionner notre département grâce à un menu, la recherche des communes de vote et de naissance, quant à elle, passe nécessairement par un champ de texte dynamique dans lequel il faut saisir du texte puis naviguer parmi les suggestions à l’aide des flèches verticales du clavier ;
  • La saisie du nom et des éventuels prénoms doivent être en tout point identiques aux informations stipulées sur la carte d’identité, y compris la typographie. En outre, il faut impérativement éviter d’insérer une virgule entre les prénoms (pour celles et ceux qui en ont plusieurs) ; malheureusement, il n’y a aucune indication à ce sujet…
  • Bien que les champs du formulaire aient été rigoureusement renseignés à cette étape (et nonobstant l’absence d’un message d’erreur affiché sur la page), il m’a fallu la réitérer à plusieurs reprises pour accéder à l’étape suivante du processus ;
  • La dernière étape requiert la saisie du numéro de la carte d’identité (CNI) ou du passeport ainsi que sa date de délivrance. Dans la mesure où ce n’est pas le genre d’informations que l’on apprend naturellement, il faudra recourir à une aide technique, voire à une aide humaine au pire des cas. Pour ma part, j’ai dû utiliser mon iPhone afin d’envoyer un scan de ma CNI à l’application KNFB Reader, laquelle a pu me communiquer toutes les informations nécessaires à travers VoiceOver.
  • La finalisation de l’inscription est conditionnée à la validation d’un captcha, lequel est totalement inaccessible aux technologies d’assistance. Pour y remédier, il faudra soit solliciter une aide humaine, soit se tourner vers des services payants (à l’instar de Rumola ou encore Captcha Be Gone) ; mais ce serait un comble de devoir passer à la caisse pour participer à une initiative gouvernementale ! Personnellement, j’ai dû demander à une amie de le valider à distance via une session de partage d’écran…

Une fois encore, ce sont les promoteurs de ces fameuses lois qui sont les plus prompts à s’illustrer dans leur non-application, en confiant la gestion technique de ce type de plateforme à des incompétents notoires ! Dès lors, il ne faut pas s’ofusquer si l’accessibilité continue de se dégrader à tous les niveaux dans ce pays.