Lettre ouverte aux organisateurs de l’Étude Homère

Madame, Monsieur

J’ai répondu ce dimanche 27 Mars 2022 à l’enquête intitulée « Homère «, sur la déficience visuelle.
Je m’interroge sur la portée des réponses fournies au questionnaire et sur l’analyse des données dégagées et de l’appréhension de ma qualité de vie de déficient visuel.

Lors du lancement de cette étude en région Bretagne et Val de Loire, un intervenant a donné des détails sur la méthodologie de cette enquête.
Il ressort que la constitution de groupes d’âge de déficients visuels a permis de répertorier des séries de questions, de sélectionner les plus pertinentes puis de les intégrer à un questionnaire.
La présence de passerelles permettra aux analystes de regrouper les données et, sans doute, d’appréhender la vie au quotidien des déficients visuels.
Lors de cette conférence de lancement, des résultats préliminaires ont été communiqués, ils portaient sur l’analyse des données se rapportant à la scolarisation des enfants au primaire et au collège.
Il est regrettable qu’aucune information n’ait filtrée sur les données découlant des “ Seniors” puisque les personnes touchées par la dégénérescence maculaire seraient majoritaires.
L’ambition de cette étude dite « Homère » est d’apporter une base de données à une structure qui serait un observatoire de la déficience visuelle.

Pourquoi ne pas s’être concentré sur le recours aux aides techniques car, si il existe une répertorisation des pathologies de l’oeil, le déficit sensoriel se traduit par des anomalies fonctionnelles qui réclament leur substitution par des aides techniques.
Suivant le nombre d’aides techniques utilisées, il aurait été possible d’évaluer la gravité fonctionnelle du handicap.

Il existe des passages obligés dans l’évolution de vie du déficient visuel, ce sont:
la prise de conscience de l’anomalie visuelle
-le diagnostic et la prise en compte de la déficience visuelle,
-le recours aux différentes aides techniques.
-les aspirations de chacun qui conditionnent son adaptation fonctionnelle à son handicap , selon son âge, ses capacités personnelles.

Pour parvenir à ces différentes intégrations que sont celles au milieu scolaire ou universitaire, au monde du travail, aux activités culturelles ou sportives, le déficient visuel a un besoin commun ,à savoir le libre accès à l’espace public et aux transports en communs.
Sans cette liberté, à quoi bon faciliter les autres intégrations.

Catégoriser les aides techniques en fonction de l’aide apporté:
1)lecture et écriture.
-Loupe électronique, -agrandisseur, – Braille intégral ou abrégé, -Machine à lire, -synthèse vocale, -plage tactile braille
2)locomotion
canne blanche, chien guide, synthèse vocale..

Ainsi, à la question « prépare et prend seul ses médicaments » il aurait été opportun de savoir si le déficient visuel se sert d’une loupe, de l’inscription braille ou d’une synthèse vocale intégrée à un smartphone ou le recours à des « tags’.
Une question similaire aurait pu concerner l’identification d’un produit ménager ou alimentaire.

Les déplacements en transports en commun (bus, métro..) semblent ne pas avoir reçu toute l’attention voulue notamment les annonces vocales.
Souvent, elles font défaut et, parfois, ne fonctionnent pas, Pourquoi?

Quelle conclusion tirer à la réponse négative au sujet de l’utilisation d’un ascenseur? “Pour ma part, je ne me retrouve jamais seul dans un ascenseur afin d’éviter d’être confronté à un incident mécanique.”
En effet, l’autonomie du déficient visuel se trouve contrariée par la présence d’un éventuel contre-temps qui viendrait contrecarrer son autonomie.

Dernièrement, j’ai souhaité consulter, par le biais d’internet, les ressources d’une bibliothèque appartenant au Réseau Francophone Numérique mais, j’ai constaté que les documents scannés étaient illisibles par la synthèse vocale du Mac (système d’exploitation Big Sure).

Quel ressenti à propos des bandes d’éveil et de vigilance? Pour ma part, je considère que ,pour leur implantation, recourir à un professionnel de la locomotion faciliterait l’efficacité de ces aides podotactiles.

Ce sont leurs présences ou leurs manquements qui permettent d’affirmer la qualité de l’insertion des déficients visuels dans la Société française.

Lorsque j’exerçais mon activité de Masseur-Kinésithérapeute en libéral, j’ai toujours apprécié de pouvoir:

-bénéficier de la disponibilité d’un script informatique établi par Serge Daniel de « cecilog » pour rendre accessible le logiciel ‘kinépratic » de gestion du cabinet. Je ne sais si l’Agefiph était partie prenante dans cette prestation.

– participer chaque hiver au stage de ski de fonds organisé sous l’égide de l’INI.

Une fois à la retraite, « CeciMac » ou « Edencast » m’ont permis de compléter ma maîtrise de l’informatique.
J’aurais souhaité pouvoir recourir à une plage braille mais son coût m’a bloqué dans mon achat.
Il est bien évident que de telles initiatives réclament des ressources en personnes qualifiées et des fonds mais les idées ne manquent pas pour mettre en place de telles assistances.
Ce qui fait, le plus souvent défaut, c’est le dynamisme des associations dites « représentatives »que leur lourdeur administrative pénalise.
Je suis étonné d’apprendre que l’Association Valentin Haüy et la Fédération des Aveugles et Amblyopes ont découvert au cours de cette étude le plaisir d’échanger. ensemble.

A soixante quinze ans passés, mes aspirations se limitent à réclamer une meilleure accessibilité dans les transports en commun et sur la voie publique mais également en informatique.
J’observe le peu de considération des pouvoirs publics (Commissariat de Charenton, Tribunal de Créteil )à l’égard d’un courrier adressé en braille même si il est accompagné de sa transcription.
Vers 1990, un courrier en braille transmis isolément faisait l’objet d’une transcription et d’une réponse circonstanciée de la part de son destinataire.

Je regrette que cette enquête n’interroge pas les sondés (es) sur leur perception:
– des associations représentatives des déficients visuels (les)
Pour ma part, j’ai constaté que les plus importantes dépensaient beaucoup d’énergie à récolter des fonds mais qu’elles étaient moins énergiques dans leurs interventions sur l’accessibilité des déficients visuels (les) à l’espace public ou aux outils du numérique.
– de la commission Communale d’accessibilité » , théoriquement, chargée d’entendre les aspirations des administrés en situation de handicap.

J’espère que ces quelques observations pourront servir à l’occasion d’une prochaine enquête.
Je vous prie, Madame, Monsieur, d’agréer l’expression de mes sentiments les meilleurs.

André Bréant

P.S.: Ces observations ne doivent pas être un frein à votre participation à cette enquête où la barre d’espace (validation des options) et la touche « entrée » (validation de « suivant) permettent de naviguer dans le questionnaire.
Pour la date de naissance, pensez à insérer un point entre la date, le mois et le millésime.