Édito du 18 avril 2014 : Ina comme … inaccessibilité ?

L’Ina est une entreprise publique chargée de la sauvegarde, de la valorisation et de la transmission de notre patrimoine audiovisuel. Elle propose (en plus de son site web) un ensemble d’applications afin que les possesseurs de terminaux mobiles puissent aisément accéder à ses archives. Jusqu’à présent, ses applications fonctionnaient à merveille avec TalkBack et VoiceOver (respectivement sur Android et iOS), permettant aux handicapés visuels de les exploiter au même titre que les autres utilisateurs. Ici le terme “à merveille” a toute son importance, parce que désormais il appartient malheureusement au passé.

En effet, depuis la dernière version (estampillée 12.0.0), les mal et non-voyants ne sont plus en mesure de profiter de cette application sur leurs terminaux mobiles. Pour tenter de comprendre les raisons à l’origine de ces modifications techniques nous avons contacté son éditeur, lequel nous a redirigé vers Lumini, qui n’est autre que la nouvelle agence en charge du développement de cette nouvelle version.

Or il apparaît que cette fameuse agence a préféré utiliser Adobe Air (tristement célèbre pour l’inaccessibilité des applications qu’il produit), afin de pouvoir déployer une même version de l’Ina sur toutes les plateformes mobiles à la fois. Une erreur d’autant plus grave qu’elle a conduit à tirer un trait sur tout ce qui avait été réalisé en terme d’accessibilité native sur les versions antérieures.

Si l’on peut s’accorder sur le fait que cette stratégie a probablement été élaborée en vue de réduire les coûts de développement et gagner du temps, force est de constater qu’à aucun moment ni Lumini, ni l’Ina ne se sont données la peine de se renseigner sur les effets indésirables qu’elle engendrerait sur une partie de la population, déjà fragilisée de par son handicap et pour laquelle les terminaux mobiles constituent un apport non-négligeable en terme d’autonomie au quotidien.

Reste maintenant à savoir si l’Ina qui se définit comme étant une “entreprise publique” va continuer à garantir à tout le monde l’accès à ses archives quelle que soit la plateforme usitée ou si elle considère les aveugles et mal-voyants comme étant des citoyens de seconde zone auxquels on peut imposer un choix technique au détriment d’autres solutions accessibles disponibles sur le marché … Enfin, en parlant de choix, pourquoi avoir opté pour une agence dont le site web ne respecte aucunement les normes d’accessibilité définies par le W3C et qui semble encore moins se soucier de l’accessibilité des applications qu’elle développe ?

Tout cela n’augure rien de bon et semble plutôt paradoxal, pour un institut au sujet duquel les pouvoirs publiques ont assurément leur mot à dire …

Une réflexion sur « Édito du 18 avril 2014 : Ina comme … inaccessibilité ? »

  1. Très bon édito.
    Je crains malheureusement que ce soit dans l’air du temps, et que l’inaccessibilité ne devienne la règle, au nom de la recherche d’une optimisation des coûts..
    enfin, restons positifs et remercions sincèrement les développeurs qui font encore des efforts.

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