Édito : Accessibilité et journées du patrimoine

Ce dimanche 22 septembre 2019, en début d’après-midi, je me suis rendu avec Catherine, ma compagne,13 Rue Cambon Paris 1er pour découvrir cette institution dont les rapports, lors de leurs publications, ne laissent généralement pas indifférents l’opinion publique, la Cour des comptes.
Une personne des plus attentionnées ayant observé la canne blanche que j’utilisais pour mes déplacements m’a extirpé de la file d’attente restreinte dans laquelle je me trouvai et m’a permis de réduire ainsi mon piétinement sous une pluie d’automne.
Une fois les contrôles franchis, et avant d’escalader les escaliers nous avons été informés par des personnes bienveillantes que nous allions être accueilli, à l’étage, par le premier président de cette institution.
Cet accueil solennel était flatteur pour les citoyennes et citoyens venus découvrir les installations et désireux d’en savoir plus sur cette institution.
La poignée de main du premier président était marqué du sceau de l’autorité mais ne laissait transparaître que peu d’émotion devant un citoyen recourant à la canne blanche.

Nombreuses étaient les affiches livrant des informations sur l’histoire et les attributions de cette institution et beaucoup de personnels étaient présents pour apporter les précisions aux visiteurs les plus curieux.
Tout paraissait bien rôdé pour le commun des visiteurs et ma canne blanche m’a paru bien transparente puisqu’à aucun moment je me suis trouvé solliciter par un « puis-je vous apporter ma contribution  » ou par un « si vous avez besoin d’une aide, n’hésitez pas, nous sommes là pour cela ».
Après l’accueil chaleureux de l’arrivée, la poignée de main solennelle du premier Président, la visite s’annonçait donc plus austère.
Respectant le sens de la visite, ma compagne me distillait à voix basse une description des salles visitées et, j’ai été tout particulièrement sensible, lorsque dans la salle servant de « cercle aux conseillers » une personne est intervenue pour compléter les informations qui m’étaient données. Elle n’a été point avare de commentaires sur la provenance des ouvrages rassemblés en ces lieux et sur quelques uns de ces auteurs.
Quel bonheur que de sentir un peu de considérations!
Le comportement de cette personne tranchait avec la retenue de ses collègues, souvent statufiés, qui, certainement, était plus à l’aise à « éplucher » les comptes de la Nation que de se pencher sur les attentes du visiteur du moment.

J’ai pu échanger avec une personne qui représentait la première chambre et qui apportait des réponses aux questions qui lui étaient soumises par l’assistance.
Elle n’appartenait pas à la sixième chambre, puisqu’à la suite de ma question sur la Sécurité Sociale, elle m’incita à « voir » son collègue.

Je retiendrai la délicatesse de ce troisième représentant de l’institution qui n’a pas hésité à intervenir alors que ma compagne me lisait un panneau d’information dans la pièce où nous nous trouvions.
Il y régnait une odeur de peinture fraîche qui semblait signifier une prise de fonction récente par un esprit jeune, une femme certainement, car le style du mobilier tranchait avec les autres pièces.

Que pensez de cette retenue manifestée à l’égard d’une personne circulant avec sa canne blanche?
Un trop grand formalisme, un manque de recommandations du comité d’organisation, une trop grande prudence, voire un manque de spontanéité du personnel mobilisé, ou simplement un peu de tout cela.
Il n’y a aucune acrimonie dans mes propos mais seulement un désir de susciter une réflexion sur les moyens à mettre en oeuvre afin d’offrir aux citoyennes et citoyens en situation de handicap la possibilité à accéder à la connaissance et à l’information.

Je dirai, plus directement, pourquoi n’appliquez-vous pas pour ces journées du patrimoine ce qui se trouve mentionné sur le site web de la Cour des Comptes:
« Il est important de rappeler qu’en vertu de l’article 11 de la loi de février 2005, la personne handicapée a droit à la compensation des conséquences de son handicap, quelles que soient l’origine et la nature de sa déficience, son âge ou son mode de vie. »

Avec un peu d’effort, de dynamisme et, au fil des années, ne serait-il pas possible de constituer une documentation appropriée sous forme de QR Code ou si l’on veut rester dans le classicisme, sous forme de supports traditionnels adaptés aux différents types de handicaps que sont : la déficience visuelle, la déficience auditive et les troubles psychomoteurs ?

En espérant que ces souhaits ne demeurent vains et que des cerveaux éclairés mettent leur intelligence au service des plus faibles.

André Bréant

4 réflexions sur « Édito : Accessibilité et journées du patrimoine »

  1. Je pense que le faite que vous soyez accompagné a dur largement contribué à la réserve de la plupart des membres de la Cour des Comptes qui vous ont reçu.

    1. J’aurais tendance à penser la même chose. Dès que nous sommes en compagnie d’une personne voyante, ceux qui sont susceptibles de nous aider se déchargent presque systématiquement sur notre accompagnateur.

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